In memoriam


Gérard Destanne de Bernis (1928-2010)



En 1956, Simon Kuznets demanda à François Perroux, professeur au Collège de France et fondateur-directeur de l’ISMEA de faire procéder par une de ses équipes de chercheurs au calcul du PIB de la France depuis le début du XIXème siècle (si cela était possible). C’est ainsi que naquit l’Histoire Economique Quantitative de l’Economie Française. F. Perroux confia ce travail à Jan Marczewski, lequel constitua une équipe composée de Jean-Claude Toutain, dès 1957, puis de Tihomir Markovitch, à partir de 1958, et de Louis Fontvieille, en 1961. 12 volumes (AF1 à AF 12) furent publiés entre 1961 et 1971 sur la croissance depuis 1815 de l’agriculture, de l’industrie et des services. En 1976, s’ajoutèrent à cet ensemble un volume sur les services publics.

L’entreprise parut s’arrêter là. J.-C. Toutain construisit alors une série du PIB de la France depuis 1815 (données annuelles) mais, mécontent de ce travail très risqué de reconstitution du PIB année par année (les publications précédentes citées plus haut ne livrant que des séries décennales), le laissa plusieurs années de côté. Jusqu’au jour où Gérard de Bernis, successeur de François Perroux à la tête de l’ISMEA, insista auprès de J.-C. Toutain pour que celui-ci vainque ses hésitations et publie, en 1987, ses séries annuelles du Produit Intérieur Brut de la France de 1789 à 1982 qui constituèrent le quinzième numéro de la série d’Histoire Economique Quantitative de l’Economie Française (AF 15), et furent très bien reçues, sauf par les éternels mécontents, parce qu’elles étaient attendues.

En 1998, sous l’impulsion de Gérard de Bernis encore, la revue Histoire Quantitative de l’Economie Française se transforma en Histoire Economique Quantitative tout court, ce qui permettait d’accueillir des travaux consacrés à des économies étrangères en prolongement du numéro signé par Claude Diebolt en 1997. La direction, en fut désormais assurée par Jean Claude Toutain, Claude Diebolt et Albert Broder. Cette nouvelle formule donna naissance à une vingtaine de numéros mélanges, avec des signatures aussi prestigieuses que celles de Joerg Baten, Mike Bordo, John Komlos et beaucoup d’autres bien sûr.

Gérard de Bernis avait l’art d’accueillir et d’encourager les chercheurs de notre communauté scientifique. Il a été et restera pour nous tous, à travers l’ISMEA et pour ses qualités propres, un véritable artisan pour la pérennisation institutionnelle des travaux d’histoire quantitative en France.

Jean-Claude Toutain